Venu de Norvège, faisant le parcours du Leif Eriksson avec 1000 ans de décalage, le Draken Harald Hårfagre a fait un arrêt à Montréal en passant par les Shetlands en Angleterre, les îles Féroé, l’Islande, le Groenland, Terre-Neuve, Baie-Comeau et Québec.
Nommé en l’honneur du roi Harald 1er de Norvège qui vécut au Xe siècle, le drakkar fait 35 mètres de long et nécessite un équipage de minimum 30 personnes. Lors de ma visite, l’un de membre de l’équipage me disait qu’ils étaient présentement 17 hommes et 17 femmes. Il est fait en chêne et il possède deux voiles dont la principale, utilisée la majeure partie du temps, est en cavenas. La deuxième est en soie, légère et utilisée comme tenue d’apparat par exemple lors du Tall Ships Challenge, une course de bateaux qui se tiendra dans les Grands Lacs du début à la mi-juillet.
À mon arrivée, il y avait sur le quai un homme réparant la grande voile et l’une des toiles servant d’abris. Cet homme c’est Gil Bourhis, un spécialiste des voiles qui exerce son métier depuis 1975. À son arrivé, il s’est vite aperçu que la toile était beaucoup trop lourde pour être ramenée dans son atelier. Mesurant 250 mètres carrés, la toile a nécessité 20 hommes pour être déplacée! Gil a donc apporté sa machine à coudre directement sur place pour effectuer ses réparations.
Gilles en pleine action. Il m’expliquait que non seulement le bateau avait été fait à la main, mais les voiles également.
La voile de canevas
La voile de soie bien rangée, car malgré son exceptionnelle résistance et légèreté, elle est particulièrement dispendieuse.
Gilles et le capitaine du drakkar Björn Ahlander le remerciant pour son bon travail.
Le drakkar est non seulement la preuve que les vikings ont pu effectuer la traversé 500 ans avant Christophe Colomb, mais aussi que les techniques ancestrales de construction perdurent et sont aussi efficaces que ce à quoi les techniques modernes nous ont habitués. Peux-être moins confortable, la traversé de l’Atlantique c’est fait en quart de travail de 3h pour 6 heures de repos dans les moments plus houleux et 4h de travail contre 8h de repos dans les moments calmes.
Le Draken n’est cependant pas une réplique d’un bateau viking, il est une réplique des techniques de construction utilisées pour en construire un, selon ce qui nous est connu.
La cuisine est à ciel ouvert et l’équipage dort sous une toile directement sur le pont, donc autant dire à la belle étoile! Et ce beau temps mauvais temps. Une salle en toile a été aménagée pour la toilette qui ne comporte pas de douche ainsi que pour les ordinateurs et instruments de navigation. Le bateau signale via GPS sont emplacement à toutes les 30 minutes, ainsi nous pouvons participer à son périple et suivre l’équipage sur les réseaux sociaux.
Outre le respect des techniques de construction ancestrales, la décoration a fait l’effet d’une attention particulière. Plusieurs pièces de bois sont gravées, comme le gouvernail, plusieurs parties dont le nom me sont inconnues et le pont. Celui-ci est gravé de drakkars, mais également de pieds de chaque côté du bateau à tribord et à bâbord. Il s’agit des pieds du dieu Odin, qui debout sur le bateau lui permet de rester stable.
Odin est également présent dans les corbeaux installés à la poupe. La légende veut que durant la nuit ils s’envolent pour repérer le chemin à suivre et permettre au bateau d’arriver à bon port.
Décorations
Trace de pas d’Odin et ses corbeaux
Sans oublier les boucliers, celui du capitaine et ceux de l’équipage.
Cordages
Si l’intérieur du bateau respecte les traditions nordiques en matière de décoration, l’extérieur n’est pas en reste! La coque bordée à clins, faite de planches qui se chevauchent, est rivetée de clou de fer et décoré de bande de peinture. Ce type de coque nécessite moins de calfeutrage et est plus rapide, car le bateau en avançant déplace moins d’eau , qu’une coque à simple bordé. Elle est cependant à la fois moins rigide et plus légère, donc le bateau est lesté de grosses roches pour le rendre plus lourd.
Les têtes de proue et de poupe sont quant à elles particulièrement soignées, véritables vedettes du bateau:
Le Draken n’a pas encore terminé son périple! Avant de retourner chez lui, il fera plusieurs arrêts et sera stationné à New York durant l’hiver pour ensuite retourner en Norvège au printemps 2017.
Pour les suivre:
http://www.drakenexpeditionamerica.com/
https://www.facebook.com/DrakenHaraldHarfagre